Trois brefs commentaires.

Premier commentaire : le Ministre des affaires étrangères français et nous (Guinéens).

N’ayant ni pillé un centime de mon pays, ni versé une goutte de sang de mes compatriotes, c’est en tout légitimité que je parle au nom de beaucoup d’entre eux. En tout état de cause, je suis plus légitime que les membres d’un gouvernement nommé par un groupe de criminels avérés. Je porte donc la parole de l’immense majorité des Guinéens.
La France, par la voix de son Ministre des affaires étrangères, M. Bernard KOUCHNER, en déclarant sans contorsion, que le retour de Moussa Dadis CAMARA en Guinée pourrait rendre possible une guerre civile, a pour une fois compris l’aspiration de l’immense majorité de nos compatriotes. C’est inhabituel. Il faut saluer cette clairvoyance. J’applaudis des deux mains. J’ai la certitude de traduire le sentiment de l’immense majorité du pays.
En demandant à l’O.N.U. d’engager une procédure pénale contre la junte de CONAKRY pour crime contre l’humanité, la France tend à se hisser au niveau de la partie la plus glorieuse de sa PHILOSOPHIE : l’universalité de l’ÊTRE HUMAIN et le siècle des lumières. Il faut espérer que cela ne reste pas qu’un feu de paille. Mais là encore, je salue ce sursaut d’humanité que M. Bernard KOUCHNER semble vouloir porter. Je souhaite cette ingérence. Je la salue.
Tous ces  nouveaux « amis » de la Guinée surgis d’on ne sait où, me font « peur ». En tombant à bras raccourcis sur la France et sur M.KOUCHNER, ils me font penser à ces africains qui célébraient Sékou TOURE quand qu’il pendait à tour de bras ses compatriotes. Mais, eux ne voulaient en aucune manière dans leur pays, ni son système, ni son personnage. Dans les années 70, alors étudiant à GRENOBLE, je demandais un jour à un condisciple malien s’il préférait un Sékou TOURE au MALI. A ma grande surprise, sa réponse fut cinglante et spontanée. « Non, Sékou TOURE n’est bien qu’en Guinée ». Depuis, je sais à quoi m’en tenir quant à la pseudo fraternité ou solidarité africaine. La tentative éhontée de M.Blaise COMPAORE d’utiliser sa mission de « facilitateur » pour faire de notre pays une sorte de colonie d’exploitation personnelle, m’a convaincu que l’occupation coloniale n’est pas toujours le fait de ceux qu’on croit. Du temps de la génération de nos parents, au prétexte « d’aider » la Guinée, une cohorte d’intellectuels africains s’est précipitée auprès de Sékou TOURE. M. Louis BEHANZIN en était. Résultat : ils avaient désorganisé notre pays, cassé pour au moins un siècle le système scolaire, pourtant un des plus performants à l’époque coloniale. Comme il fallait s’y attendre, ils ont rejoint leur pays dès leur but atteint.
La junte militaire et son gouvernement sont des criminels. Ils ont commis un crime des plus ignobles contre l’humanité le 28 Septembre au stade de CONAKRY. Et c’est précisément parce que la junte et son gouvernement ont bafoué la Dignité Humaine en Guinée, que M. Bernard KOUCHNER et la France sont fondés à exiger non seulement le départ des criminels, mais leur traduction devant la Tribunal Pénal International. C’est là une manifestation concrète de la fraternité humaine.
En tant que Guinéen, sur ce terrain, je me sens plus proche de M.KOUCHNER, que des tueurs du CNDD. M. Cécé LOUA, ministre des affaires étrangères a planifié et exécuté les ignominies contre des Guinéens. M. Cécé LOUA et ses supplétifs utilisent contre M. Bernard KOUCHNER, un langage douteux. Par insinuations calculées, sans doute pour plaire à M.KHADAFI et à quelques princes pétroliers du Golfe, ils espèrent peut être, entraîner nos compatriotes sur le terrain de l’ignominie à laquelle ils sont habitués. C’est triste.
Bernard KOUCHNER, pour une fois, une fois seulement, je vais te tutoyer, même si on ne se connaît pas. Tu es mon Frère, mon Frère en humanité.

Deuxième commentaire : Blaise COMPAORE, un « facilitateur » plutôt étrange.

Mon commentaire sera quelques interrogations à propos de notre étrange « facilitateur ».
Il faut le répéter mille fois. Aussitôt nommé « facilitateur », pour sa première rencontre avec les représentants des forces vives,M . COMPAORE propose comme solution, le programme du CNDD. Et il le fait, alors même qu’il est au courant de toutes les manœuvres du clan familial de Moussa Dadis CAMARA. Personnellement, je n’exclue pas l’hypothèse que M. Blaise COMPAORE, dès début août ait été au courant des préparatifs par le CNDD, des massacres du 28 Septembre. D’ailleurs, il n’a jamais émis la moindre critique à l’encontre des tueurs et violeurs du CNDD. D’où quelques interrogations.
1°. Le président Blaise COMPAORE a des liens cachés avec Moussa Dadis CAMARA, depuis longtemps. Quelle est exactement la nature de ces liens ?
2°. D’après des rumeurs persistantes à CONAKRY, M. Blaise COMPAORE, aurait bénéficié, sous le couvert de sa mission de « facilitateur », d’innombrables contrats d’exploitations minières et portuaires. Si cette hypothèse était vraie, et il y a des chances que ça le soit (voir son intervention au profit de la GETMA), est-il raisonnable de continuer à l’accepter comme « facilitateur », puisqu’il est engagé au côté de ceux qui ont commis des crimes contre l’humanité dans leur propre pays ?
3°. Le cas Dadis est réglé. Le geste d’autodéfense du lieutenant Toumba DIAKITE, est certes inadmissible. Il devra rendre compte de ses faits et actes. Mais il a été plus efficace que Blaise COMPAORE. Dès lors, la mission de M.COMPAORE est devenue sans objet.
Est-il raisonnable de continuer à avoir une quelconque relation avec lui ?
Le Burkina est un grand pays. C’est le pays des Hommes droits. Il n’est pas certain que M. Blaise COMPAORE incarne ce Burkina des hommes droits.
J’ai écouté et réécouté le lieutenant TOUMBA DIAKITE sur les antennes de R.F.I. . D’une voix posée, sans vocifération, ni excès de langage, il a donné sa version des faits et les motifs de son geste. Il ne nie en rien sa part de culpabilité dans les massacres du 28 Septembre. Il reconnaît avoir tiré sur son chef Moussa Dadis CAMARA, parce qu’il s’estimait trahi par lui. Le lieutenant TOUMBA est un certes un criminel. Son geste contre son chef est condamnable. Et je le condamne fermement. Néanmoins, je ne puis m’empêcher de lui reconnaître une certaine élégance chevaleresque dans son conflit avec son chef le capitaine Moussa Dadis CAMARA. Cela ne l’absout évidemment pas de ses gestes condamnables. Mais, cela n’autorise pas non plus à lui denier toute possibilité de rachat. Je ne le connais pas. Mais je l’en crois capable.

Troisième commentaire : SEKOUBA KONATE et son discours.

Comme tous nos compatriotes, j’ai lu le discours de M. Sékouba KONATE. L’intention affichée est bonne. Mais avant lui, Moussa Dadis CAMARA avait prononcé le même genre de discours. J’avais prôné la patience. J’ai la prétention d’avoir été à l’époque, entendu par l’immense majorité de nos compatriotes. Je n’étais évidemment pas le seul à solliciter la patience de nos concitoyens, mais je l’avais fait avec efficacité.
Le « général » Sékouba KONATE est peut être de bonne volonté. Mais une bonne volonté non suivie d’actes concrets, n’est rien d’autre qu’une sale manie selon moi. SEKOUBA n’est pas le président, ni le chef de l’Etat. Il est devenu le chef d’une junte criminelle. Désignons le pour ce qu’il est, c’est-à-dire chef d’une junte militaire, devenue criminelle. Les mots ont leur importance, gardons-leur, leur sens. Le capitaine Moussa Dadis CAMARA ne l’était pas non plus. Il voulait légaliser par la violence, une fonction que le pays refusait de lui confier.
Est-ce à dire que le « général » Sékouba KONATE est un traître en puissance comme Moussa Dadis CAMARA ? Bien évidemment non et non. Il se peut même qu’il respecte les termes de son discours à la lettre. Là aussi, je souhaite qu’on ne lui fasse pas de procès d’intention. Dans le même temps, j’invite tous nos compatriotes à une extrême vigilance à son endroit. J’exercerais personnellement mon droit de vigilance.
Ses amis et parents commencent à lui dire que c’est DIEU qui lui aurait donné le Pouvoir. De là à lui faire comprendre qu’il faut qu’il le conserve, il y a un pas que certains de ses « amis » et « parents » ont déjà franchi. Je vais lui répéter ce que j’avais toujours du temps de Dadis. La possession d’armes achetées avec le fruit du travail de toute la nation, ne créé pas le droit au pouvoir. Et la capacité de violence et d’ignominie de l’armée n’est pas la garantie d’une victoire certaine. Elle a à obéir aux ordres de celui ou celle que nos concitoyens auront choisi dans la liberté et la transparence, pour conduire le pays. Il faut que ce soit clair pour tous : aucune armée, aucun général ne pourra durablement s’opposer au désir de nos compatriotes de choisir librement et dans l a transparence, les personnes par lesquelles ils veulent être dirigés.
L’armée n’a pas à décider d’une politique. Elle est subordonnée à l’équipe que le pays a désignée pour le diriger. Autrement dit, une armée n’a pas à décider de ce que doit être la politique militaire ou de défense du pays. Les médecins et les infirmiers ne décident pas de la politique sanitaire du pays. Ils appliquent la ligne fixée par la représentation nationale. Les Professeurs et les Instituteurs ne décident pas de la politique éducative. Ils appliquent ce que le pays leur fixe comme ligne éducative. L’armée est moins utile et moins noble que les deux premiers services publics cités. Pourquoi construire des logements pour une armée de violeurs et tueurs, et laisser ceux qui soignent et bâtissent le pays dans la durée ?
Il y a des interrogations sur lesquelles j’attire l’attention de tous, nos compatriotes :
1°.Le CNDD doit être immédiatement dissous. Son illégitimité est évidente. Son caractère criminel est démontré. Tous ses membres, civils et militaires, sont impliqués dans un immense crime contre l’humanité. Pourquoi continue-t-on à se référer à une organisation criminelle ?
2°. Le gouvernement est tout aussi illégitime. M. KOMARA est impliqué jusqu’au coup dans les massacres, ainsi que son gouvernement. Par exemple M. Boubacar BARRY Ministre de la spéculation immobilière et foncière,a assisté à toutes les réunions dans lesquelles les massacres ont été planifiés. Est-il conforme à la dignité de notre pas que des criminels prédateurs comme Boubacar BARRY, Cécé LOUA et tant d’autres continuent de parler au nom du peuple qu’ils ont massacré et humilié le 28 septembre dernier ?
Le maintien du CNDD et de son gouvernement n’est pas de nature à faire confiance à M. Sékouba KONATE.
3°. Pourquoi les bandes armées ethniques parfaitement identifiées au camp Alpha YAYA sont-elles tolérées ?
Encore une fois, il n’y a pas de procès d’intention à faire M. KONATE. Il a le choix entre être Dadis ou Amadou Toumani TOURE. Je souhaite qu’il soit ATT. Dans tous les cas, 6 mois suffisent largement pour organiser une élection. Tout argument tendant à prolonger la transition est suspect.
NB : compatriote ! lis, fais lire ce document. Distriuey-le dans tout le pays. Discutez-en.
Mamadou Billo SY SAVANE
Mon contact :mamadoulinsan@wanadoo.fr