Par quoi dois-je commencer ? Le début ou la fin ?
Cette fin tragique qui a plongé tous tes chers dans la plus grande douleur.
L’annonce de cette catastrophe qui a ravagé HAITI, a été pour moi la confirmation de cette terrible prémonition qui m’envahissait.
Sinon comment expliquer cette idée persistante de ta disparition qui m’a envahit l’esprit ce mardi 12 JANVIER 2010, sur le chemin de retour du travail
.C’était au carrefour « COSA »
Ce Haut lieu de la contestation à CONAKRY.
Cette fois –ci, les protagonistes avaient changé. A la place des
forces de l’ordre et des manifestants, cette monstrueuse idée et moi, nous nous opposions .A chaque fois qu’elle revenait, je la repoussais violement de la tête et
je me répétais toute seule : » « non, surtout ne pas perdre MAMADOU maintenant, non, non …… ! »
Comment aurais-je pu deviner ce qui arrivait ?
Comment aurais-je pu croire qu’une seule minute aurait suffit à détruire toute une vie ?
Voilà la fin !
Parlons maintenant du début.
MAMADOU a vu le jour le 04/05/1965 à BRAZAVILLE « la coquette ».
Son jeune et intrépide père de 40 ans, célébra ainsi la naissance de son troisième enfant dans une capitale différente .Commerce oblige !
En 1969, le père de famille déposa définitivement ses bagages à LOME. Une petite bourgade encore peu connue .Il y faisait bon vivre et le commerce y fleurissait. Nous nous installâmes 30, rue des Cocotiers, sur la route de KPALIME.
L’Ecole de la MARINA fût la première institution qui nous ouvrit ses portes. Située comme son nom l’indique, non loin de la mer et à
quelques mètres de L’Hôtel « LE BENIN »
Il y régnait une ambiance des plus raffinés .On y prodiguait un enseignement de très grande qualité et une éducation puritaine.
Cette ambiance a beaucoup joué sur le comportement de mon frère .Il y’a sans aucun doute puisé ses principales qualités :
Pieux, Sérieux, Brillant ! Fidèle Sincère, humble, Affectueux, Poli, Discret, Aimable, Travailleur
-Pieux oui ! Tu étais un grand amoureux d’ ALLAH.
-Sérieux oui ! Je te vois encore tout gamin de quatre ans que tu étais, pleurant à chaque fois que NENE mettait un goûter dans ton sac d’écolier. Tu
répliquais en disant : »je ne vais pas à l’école pour manger, mais pour étudier ! »
-Brillant : Tu nous ramenais des « bons points » tous les jours au sortir de la maternelle .Tu demandais à notre chère maman de les garder pour toi précieusement ,et tu lui expliquais gentiment que chaque dizaine de » bon point « donnait droit à une « image » et tu les collectionnais les images .
-Fidèle oui ! Ton carnet d’adresses contenait le nom et l’adresse de tous tes amis, depuis la maternelle .Tu étais capable de me donner
séance tenante les dernières nouvelles de tes copains des familles FOLLY-TOULAN, DOGO, JOHNSON ,GNASSINGBE , FOURN , LAWSON,
DE MEIDEROS ;
Au moment où j’écris ces pages, je viens de recevoir un coup de fil de ton grand ami et fidèle frère FRANCIS KPATINDE ! Rassure toi, nous prendrons soin de lui .Je lui ai
dit que tu ne l’as pas abandonné et que lui a légué toute ta famille .Nous aimerons tous ceux que tu as aimé.
-Humble oui ! : Toi qui a côtoyé les plus grands de ce monde dans l’exerce de tes fonctions. Tu es resté un garçon naturel.
Je revois encore ta photo, bien installé sur le fauteuil de feu BOKASSA 1ER ; photo prise lors d’un reportage effectué pour le compte de ton employeur de
l’époque, la revue Jeune Afrique. Je me remémore encore cette scène que tu m’avais racontée :
Ce déjeuner au palais de KOULOUBA en compagnie du président KONARE .Vous aviez partagé un bon plat de riz, assis sur un tapis et mangeant à la main, comme il l’avait exigé ainsi ce
jour.
- Affectueux oui ! Tu nous as tout donné ; Je n’oublierai jamais tes bisous furtifs sur ma joue, tes deux bras enlacés autour de mon cou. Ces vacances que nous
programmions ensemble. Nous prenions le même vol de PARIS pour WASHINGTON afin de rejoindre nos autres frères et sœurs. La fraternité et le bonheur marquaient ces
retrouvailles .Tu trouvais toujours l’adresse d’une togolaise pour nous commander les plats qui nous rappelaient tant notre séjour à LOME. Tu manqueras à nos enfants, ces
neveux et nièces que tu chérissais tant .Amadou mon fils, l’aîné de tous est inconsolable .Il me parlât encore hier de ton coup de fil lui souhaitant un joyeux
anniversaire, c’était il y’a un mois. Tu me disais ne pas réaliser qu’il avait autant grandi .Et puis il y’a ce que je n’écrirai jamais, parce que faisant partie de notre jardin
secret .
-Poli oui ! Mamadou, tu saluais même le vent qui te fouettais au passage .Il te fallait tout le courage du monde pour demander un service et mille mercis sortaient
de ta bouche à chaque fois qu’on t’en rendait un. A chaque reproche que quelqu’un te faisait, tu avais comme réponse : « c’est toi qui a raison ».
-Discret oui ! Ta main droite ne pouvait jamais deviner ce que la gauche donnait .C’est par les journaux que nous découvrons
certaines de tes grandes actions en faveur de l’humanitaire et des déshérités en général.
-Aimable oui ! STP et merci sont sans doute les mots que tu as les plus usités
-Travailleur oui ! C’est sans doute sur ce sujet que les éloges ne tariront pas à ton endroit . C’est un constat fait depuis les
premières années de ton existence :
-Brillant élève, tu n’as pas choisi le droit par hasard. Curieux et perspicace la Bibliothèque Beaubourg était ton lieu de prédilection lors de
tes courtes visites du week-end à PARIS, en provenance de CAEN où tu as décroché ton baccalauréat.
Après ARTHUR ANDERSEN, JEUNE AFRIQUE, BBC, LES NATIONS UNIES t’ouvrirent ses portes .Tu commenças par le siège à NEW-YORK où les tragiques évènements du 11 SEPTEMBRE
te trouvèrent. Ce jour, je faillis être folle avant de savoir que tu étais bien vivant.
Puis on t’envoya dans la région des grands lacs, à l’époque KINSHASA avait terni et ne méritait plus son pseudonyme de « KIN LA BELLE » Les bombardements battaient
leur plein à NGOMA et tu allais souvent sur le terrain .Chacune de tes missions étaient pour nous stressante.
Après quelques années de bons et loyaux services, tu pris le chemin de HAITI .Toi qui aimais tant le ZOOK et qui parlait quelques mots de créole appris lors de ton service
militaire à POINTE A PITRE ( GOUADELOUPE) , te voilà dans ton milieu .
Avec toi , PORT AUX PRINCES sans le savoir recevait un roi Un pur DENIANKE originaire de AGNAM SIWOL dans la région de MATAM ,au Sénégal .Le sang de pasteur qui coule dans tes veines t’a drainé de plus en plus en avant ,à la recherche d’oasis plus favorable aux déshérités .
Comment pouvais-tu descendre de TALL CHEICK OUMAR FOUTIHOU et avoir peur des challenges ?
Toi le descendant d’OUSMANE DAN FODIO, Sultan de SOKOTO (NIGERIA), Tu n’as pas volé tes allures princières .
Comme sa fille FATOUMATA HAOUSSA, tu es allé finir tes jours loin de ta patrie, mais par amour.
Comme HAITI, « la perle des Antilles », tu étais pour nous un trésor immense, un joyau irremplaçable .Tu nous manqueras à jamais !
REPOSE EN PAIX !
TA SŒUR, TON AMIE, TA CONFIDENTE, TA COMPLICE
KADIATOU AMADOU ALSENY