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BARRY TUTANKHAMON

BARRY TUTANKHAMON

"le savoir est une patrie et l'ignorance une terre étrangère"


Plaidoyer(2) pour un pays abandonné par ses enfants : un possible désastre en Guinée Conakry

Publié par LA VOIX DE LA REPUBLIQUE sur 1 Juillet 2011, 13:48pm

Catégories : #politique

Il y a quelques années, Monsieur Boubacar Yacine DIALLO, alors directeur du bimensuel L'ENQUÊTEUR, signait dans son journal, un éditorial  intitulé «   Alpha CONDE, un possible tyran ». Récemment,  au sujet de l'affaire Bolloré-GETMA, homme d'affaires  français connu,  et   ami  personnel du tout nouveau président guinéen,  le quotidien  français France-Soir  du 29 Mars 2011,  sous  la plume de M. Airy Routier écrit « …. Fraîchement élu à la tête de la Guinée, grâce au savoir-faire d'Euro RSCG, filiale de Bolloré, Alpha Condé a donné, manu militari, la concession du port à …Bolloré ».

  Toujours à propos de ce qu'il faut désormais appeler, le scandale  Alpha CONDE,   une enquête exclusive de l'hebdomadaire français  « Nouvel Observateur » du Jeudi 24 Mars  2011,  commence ainsi : «…Port de Conakry, extérieur nuit. Le 8 Mars, aux alentours de 21 heures, une escouade de policiers et de militaires, kalachnikovs en bandoulière…Le commando saute  sur les bureaux… ».

 Ainsi donc, à quelques années d'intervalle, la remarque prémonitoire  de notre compatriote   est   partagée par  une grande  partie de la  presse  française. Les  grands journaux  (Le monde, le Nouvel observateur,  France-Soir….)  pourtant liés aux oligarques  comme M. BOLLORE et autres, découvrent à leur tour, le penchant  quasi-naturel du tout nouveau Maître de Conakry  pour  des méthodes violentes,  de type militaire, même pour de simples contentieux commerciaux.  Les maires, élus municipaux,  soupçonnés de ne pas  être du côté du R.P.G. (parti de M. Alpha Condé) sont  renvoyés par décret et  remplacés par des fonctionnaires, tous  militant au parti présidentiel. Pourtant, les élus des collectivités territoriales tiennent  leur fonction des mêmes suffrages que ceux au nom desquels le président  s'est installé au palais de Sékhoutouréya.  Les imams  autrefois choisis par  les fidèles des mosquées, sont désormais désignés par décret présidentiel. Pourquoi ne révoquerait-il pas  l'archevêque de Conakry ou de KANKAN ? Aucun secteur de la vie culturelle, religieuse et politique n'échappe à la règle de nomination par décret.

 Nous sommes donc en face d'un fait tout à fait nouveau : un obscur totalitarisme rampant, par fonctionnarisation généralisée de la vie politique, religieuse  et culturelle de notre pays.

 Un fonctionnaire obéit. Il obéit aux ordres de celui dont il tient sa fonction.  Dans notre pays, sa carrière professionnelle et sa vie personnelle,  dépendent  du degré de  servilité dont il fera preuve à l'égard de celui qui a le pouvoir de décret et donc de  révocation.  De fait, tous les Nommés par décret  se transforment un jour ou l'autre en agents électoraux potentiels du président.

Les fonctionnaires ne sont pas automatiquement serviles à l'égard du Parti-Etat qu'est devenu le R.P.G. Mais, ne bénéficiant  d'aucune  protection juridique statutaire, ils sont dans une précarité permanente. Leur marge de manœuvre se réduit à cette terrible alternative suivante : servilité à l'endroit  du pouvoir contre statut de fonctionnaire, ou loyauté à l'égard des populations avec comme conséquences immédiates, une révocation et l'inévitable déchéance sociale qui s'en suivra. Car la révocation par décret  est la contrepartie habituelle de toute velléité de loyauté à l'égard des citoyens dans l'exercice d'une fonction publique sous nos latitudes.   Et puisque tout est contrôlé par l'Etat, perdre son statut de fonctionnaire, c'est  exposer sa famille, à une vie non pas de pauvreté, mais de misère matérielle et morale.

  La réalité a rejoint l'intuition prémonitoire. La prémonition n'était donc pas un procès d'intention, mais l'expression d'un discernement anticipé.  Car, cinquante années de vie consacrée à l'activisme communiste agressif,  parfois militarisé  dans la sous-région ouest africaine,  ne pouvait faire de M. Alpha CONDE  un homme d'Etat réfléchi, modéré, mais plutôt un revanchard  « ethniste », agressif et violent.  Il n'y a donc pas de surprise, ni étonnement.  Notre nouveau président  se révèle être  ce qu'il a toujours été : un authentique communiste retors, habité par le  désir effréné  de jouir d'un pouvoir  que le « général » Sékouba Konaté, par solidarité ethnique, lui a donné, alors qu'il était éliminé de la compétition électorale par les urnes,  dès le premier tour.

  Par honnêteté, précisons que  ses concurrents (Sidya Touré et Cellou Dalein DIALLO), tous les deux,  authentiques enfants du pays, n'ont pas mis beaucoup d'ardeur à défendre  les droits que leurs compatriotes leur avaient donnés dans les urnes au premier et au

 second tour.  Ayant vécu  de l'intérieur la fausse élection, mais vraie cooptation de M. Alpha CONDE, il m'a semblé que  les deux principaux  concurrents du président coopté, obéissaient plutôt aux fariboles  que leur racontait la « communauté » dite internationale qui par ailleurs les considère, parfois à juste titre, comme des « leaders » immatures. L'acceptation au second tour, à la tête de la C.E.N.I.(commission électorale nationale indépendante), contre toute légalité constitutionnelle d'un général malien corrompu, est l'illustration parfaite de cette immaturité. Car dans n'importe quel pays d'AFRIQUE NOIRE, cette élection aurait été annulée. Mais les financeurs ( la Communauté dite internationale) ayant pré-coopté  M. Alpha CONDE, il fallait s'arranger pour  que l'heureux coopté soit déclaré « élu ». Je serai heureux d'être démenti sur ce point.

 Et dans une Guinée  intellectuellement  arriérée, dépourvue  de classe politique vigoureuse, déterminée à récupérer  la TERRE des Ancêtres par tous les moyens, le triomphe  d'une autocratie patrimoniale  prédatrice  est presque une fatalité. Le nouveau président et son clan, essentiellement composé  des plus grands prédateurs du temps de M. Lansana Conté, s'y emploient déjà. Nul doute qu'ils y parviendront.

L'attribution militarisée du port autonome de Conakry à M. Vincent BOLLORE, en raison du caractère opaque de l'opération, cache vraisemblablement  des choses  incompatibles avec  l'intérêt bien compris de notre pays.  En effet, il n'est pas habituel, même dans les républiques bananières noires africaines, que  par une opération commando militarisée, on attribue une unité économique, industrielle ou pas, à un « ami » fortuné, fût-il  membre de l'oligarchie économique française. M. BOLLORE est un homme d'affaires, pas un philanthrope. Rien à lui reprocher. Il saisit les opportunités  qui lui sont offertes. Cependant, on peut s'interroger  sur la nature des liens si particuliers  entre le président et son ami fortuné, au point de lui offrir  par  commando militaire interposé, le port autonome de Conakry et peut-être  d'autres avantages  mettant en cause la relative souveraineté de notre pays. Disant cela, je ne prône guère un faux souverainisme économique et politique qui n'est qu'un petit TRUC visant à amadouer les nigauds. Mais on peut être ouvert  sans museler sa propre population, être un libéral en économie (ce que je suis), sans hypothéquer durablement le futur de son pays. Or dépourvu de la moindre culture économique, le nouveau président conduit inexorablement notre pays dans une impasse économique. Je suis intrigué (je ne suis pas le seul) par le fait que M. BOLLORE veuille avoir un monopole absolu sur l'ensemble  des accès maritimes de l'Afrique de l'Ouest. Et la facilité avec laquelle notre nouveau président  cède  toutes les activités économiques à ses « amis », toujours les mêmes, devrait interpeller tous les citoyens Guinéens, quelle que soit leur appartenance partisane. Sur ce point, l'absence de curiosité des « leaders » de l'opposition  est troublante.  Et il n'y a pas de procès d'intention à exprimer publiquement par écrit ses doutes  sur la pertinence des choix économiques. Je serai le premier à applaudir, si M. BOLLORE  décidait d'investir significativement dans l'agriculture vivrière et d'exportation. C'est cela, selon moi, dont la Guinée a besoin.

 

L‘obsession minière de notre président  n'a rien de rassurant. On doit s'en inquiéter. Ses gesticulations minières débridées  visent selon moi, à faire signer hâtivement des contrats d'exploitation contre des dessous de table, avant l'instauration d'une vraie Assemblée Nationale qui, elle, aura la légitimité populaire l'autorisant à valider ou récuser tout engagement durable de notre pays dans un contrat. Le  consentement du C.N.T. (conseil national transitoire) n'a aucune valeur juridique. L'institution elle-même ne peut  se référer à une base  juridique fondant son existence ou son maintien. C'est juste une assemblée parentale déguisée, et donc dépourvue de toute légitimité à se prévaloir d'une quelconque représentativité nationale.  Ses membres  sont cooptés entre parents, cousins, cousines, frères, sœurs et parfois alliés d'affaires. S'ils portaient uniformes et fusils, on parlerait de putschistes. Je subodore donc que l'Enseignant  de Droit public  Alpha CONDE le sait parfaitement. C'est aussi pour cela que Mme Rabiatou Sera DIALLO qui a fait beaucoup de mal à la jeunesse guinéenne est l'objet d'infinies attentions, mais en dollars et Euros.  Brandir un prétendu code minier qui aurait été approuvé par une « assemblée » de parents, est plutôt cocasse, venant d'un « Professeur » de Droit.  C'est aussi  la preuve que notre pays est abandonné par ses propres enfants. Et c'est là  où personnellement réside mon inquiétude.

En effet, M. Alpha CONDE, coopté comme président d'un pays  auquel il n'est pas attaché et avec lequel  il n'a pas d'attache,  s'y comporte naturellement en autocrate arrogant. Les vrais enfants du pays, résignés,  acceptent  leur  humiliation   comme une fatalité. Exemple : il m'a été rapporté  qu'à SIGUIRI, région nord-est de la Guinée,  l'exploitation artisanale de l'or  a été interdite aux autochtones, parce que,  une société  minière étrangère en aurait obtenu le monopole. Or  aussi loin qu'on remonte dans le temps, les populations du Mandé ont toujours extrait de l'or, en plus de leur occupation agricole. Des punitions corporelles auraient été infligées à des personnes (femmes et hommes) qui ont refusé de renoncer à cette activité économique ancestrale. Tout se passe donc comme si on interdisait  l'élevage traditionnel au FOUTA, ma région natale, au motif  que des fermes industrielles étrangères  doivent en avoir le monopole.

On peut  perdre son pays, c'est-à-dire y être  considéré comme un citoyen de seconde zone. L'installation par cooptation de M. Alpha CONDE à la tête de notre pays, semble indiquer que ce  que, naïvement nous pensions  impossible, devient petit à petit une probabilité plausible.  Exemples : Parle t'on de l'armée ?- On va chercher un général Sénégalais pour soit disant,  réformer  l'armée. Et au bout du compte, le fameux général fait des recommandations qui ne sont rien d'autre que l'exact plagiat du livre de notre compatriote Aliou BARRY sur l'armée guinéenne. (Titre : Armée guinéenne, pourquoi et comment faire ? chez L'Harmattan).  Doit-on surveiller  l'évolution du processus de transition ?- On va chercher un autre général Burkinabè sous la tutelle duquel  le faux général Sékouba KONATE est placé. Y a-t-il un problème de crédibilité à la tête de la CENI ?- On va trouver  encore un général  malien des plus corrompus, choisi par le président Amadou Toumani TOURE dont l'intégrité morale n'est plus qu'un lointain souvenir. Je peux citer mille exemples comme cela.

 Et  ce qui reste encore pour moi inexpliqué ou inexplicable, c'est  que les deux principaux concurrents de M. Alpha CONDE ont toujours l'air de croire que le premier fonctionnaire venu du SENEGAL, ou le premier galonné venu de n'importe quel pays d'AFRIQUE  est susceptible de leur apporter des solutions. Je ne sais d'ailleurs pas lesquelles.  Pour les intimider, parce que je pense qu'ils sont intimidables, le nouveau MAÎTRE de CONAKRY y fait défiler ses « amis » occidentaux (Tony BLAIR, Bernard KOUCHNER….), tous décriés et politiquement dévalués dans leur pays respectif.

Compatriotes ! Il est temps qu'on se ressaisisse. Récupérons notre pays, par tous les moyens. Une cooptation déguisée en élection ne peut légitimer un Président  qui pour commencer son mandat, s'affranchit  des règles et des instances qui lui ont permis de s'installer à Sèkhoutouréya.

 

 

 Mamadou Billo SY SAVANE (Rouen)

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