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BARRY TUTANKHAMON

BARRY TUTANKHAMON

"le savoir est une patrie et l'ignorance une terre étrangère"


La victoire éclatante

Publié par LA VOIX DE LA REPUBLIQUE sur 4 Avril 2012, 09:16am

Catégories : #politique

«Napoléon disait, à Sainte-Hélène, que la destinée d’un pays dépend parfois d’un seul jour. L’histoire justifie cette assertion, mais montre aussi qu’il faut généralement beaucoup d’années pour préparer ce jour» Gustave LE BON

 

 Ma joie est grande, et les mots pour la traduire me manquent. J’ai été touché par tous les messages que j’ai reçus de mes compatriotes et je n’ai pas été insensible au petit mot que le président de la République nouvellement élu m’a adressé au lendemain de sa victoire. Mais celui qui m’a le plus ému m’est venu de mon frère et ami Bara Tall, qui m’a été d’un soutien inestimable quand je faisais face à Karim Wade, soutenu par ses puissants avocats. J’ai oublié ma propre souffrance, face à ce qu’a enduré cet homme, qui a perdu son père après son emprisonnement, parce qu’il a refusé un marchandage sordide que lui imposait Abdoulaye Wade. J’ai pensé à tous ceux qui ont été injustement traités parce qu’ils ont refusé de se plier à la volonté d’Abdoulaye Wade et à son projet de dévolution monarchique du pouvoir, à tous ceux qui sont morts en s’y opposant; le peuple du 23 juin enfin, ces anonymes qui ont défié le torse nu et les mains nues, le régime de Wade et la police d’Ousmane Ngom, pour s’opposer à un projet de loi qui aurait sans doute maintenu l’ancien président au pouvoir et mis en place les conditions de son remplacement par son fils. C’est à toute cette masse anonyme qui s’appelle peuple que nous devons cette victoire éclatante. Me parviennent encore les images de ces engins crépusculaires qui éblouissaient les manifestants avant de rouler sur eux comme des chenilles, l’impuissance avec laquelle je regardais faire la répression, le coeur meurtri face à ce qu’Abdoulaye Wade, grisé par le pouvoir, considérait comme «la brise». Devant tant de souffrance que le peuple anonyme a endurée pendant ces douze années pénibles, la mienne propre s’efface. Je ne m’attribue aucun mérite, dans ce long combat pour nous défaire de ce régime despotique et brutal. J’ai épousé cette lutte parce qu’elle est de mon âge, parce qu’elle est de mon temps, aussi parce qu’elle touche à mes convictions les plus profondes. Mais je ne peux faire semblant d’être indifférent à la victoire de Macky Sall. Il m’est intime, par les rapports fraternels que nous entretenons depuis bientôt vingt ans, qui se sont exprimés jusqu’à la veille de ce second tour qu’il a remporté haut la main. La nature particulière de nos relations ajoute à ma joie, je dois avouer. Mais ce sont les qualités personnelles du nouveau président de la République qui me font espérer. C’est un homme qui incarne un leadership tout à fait nouveau, loin de la posture messianique des leaders formés à l’école coloniale, cette forme de commandement de type vertical qui assujettit et déshumanise. Nous avons notre premier président né après l’indépendance de notre pays, qui a fait tout son cursus scolaire au Sénégal, formé par des enseignants sénégalais. Il est aussi, par ses origines modestes, son parcours académique, l’exemple du modèle social que nous ne cessons d’appeler de tous nos voeux et qu’il nous faudrait promouvoir. Il faudrait que le système éducatif redevienne le creuset de l’excellence et qu’il soit aussi le lieu privilégié où les inégalités sociales s’estompent, l’endroit où chaque enfant, qu’il soit riche ou pauvre, a une égale chance de réussite et qu’au sommet de l’échelle sociale, hommes et femmes soient traités selon leurs compétences. L’édification d’une société libérale de compétition et de mérite n’est pas antagonique avec notre attachement à la justice sociale et à la solidarité envers les plus démunis. Si Macky Sall a réussi d’une manière aussi spectaculaire, c’est qu’il a su ramener la confiance chez les gens simples, parler au vrai peuple auquel il appartient. C’est cette appartenance qui lui confère l’humilité nécessaire à l’exercice de sa nouvelle charge, qui exige une nouvelle façon de penser et d’agir. J’espère que cette qualité ne le quittera jamais et qu’il saura la mettre au service de ce pays et surtout au service des plus pauvres, qui fondent en lui de grands espoirs. Il est la preuve que le travail paie, puisqu’il a été au contact du vrai peuple pour se faire adopter. Nous devons vite revenir à ce qui est l’essence de toute République, une assemblée d’hommes qui consentent à une cession mutuelle de droits et qui concourent ensemble au bien-être et à la sécurité de tous. Abdoulaye Wade nous a fait beaucoup de mal, ainsi qu’à de nombreux anonymes qui ont souffert en silence, en attendant d’être délivrés du mal. Mais nous devons regarder l’avenir sans amertume et être fiers de ce que nous avons accompli. Jamais nous n’avons été placés dans des conditions aussi favorables pour nous inventer un nouveau pays, une nouvelle société plus juste et plus solidaire. Il est heureux qu’en même temps que nous chassons Abdoulaye Wade du pouvoir, nous mettons fin à la vaste escroquerie ourdie par Bethio Thioune, et que partent avec lui tous ceux qui lui ressemblent. Je ne veux pas être long, pour ne pas devenir banal. Je souhaite ardemment que Macky Sall réussisse sa mission, parce que sa réussite sera la nôtre et fera le bonheur de ses concitoyens. Prions pour qu'une société nouvelle soit édifiée, dans laquelle chacun trouvera sa place. Les Sénégalais ont trop souffert, c'est pour eux qu'il faut maintenant agir. Nous venons de remporter une victoire éclatante, mais une tache immense nous échoit, celle de répondre aux besoins des populations. Les attentes sont nombreuses et nous devons tout faire pour qu’elles ne soient pas déçues. Agissons avec humilité et pensons à ceux qui, enfuis sous une épaisse couche de sable encore frais, nous demanderont un jour : qu'avez-vous donc fait de ce sacrifice suprême ?

Ps: Je ne peux finir sans déplorer le comportement peu honorable de l’ancien président Abdoulaye Wade qui, même défait, continue de s’immiscer dangereusement dans les affaires de la République, rompant avec le devoir de réserve qui doit être le sien désormais. Son successeur n’est même pas installé, qu’il projet déjà de diriger la liste de son parti aux législatives. Si son fils n’est en rien coupable, ce sera à la Justice de ce pays de le dire et il ne pourra plus rien faire qui l’empêchera de répondre de sa gestion. Le premier impératif de justice, qui est aussi une exigence républicaine, c’est que ceux qui ont commis l’injustice ne restent pas impunis.

  Par Souleymane Jules DIOP

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