Guinée: un nuage sans fin (3e partie)

En Guinée, les occasions de rire sont devenues rares. Et pourtant le pays est de plus en plus ridicule. Arrivé au pouvoir dans des conditions très obscures et à un âge proportionnellement au-dessus de la moyenne (rappelons qu’en Guinée l’espérance de vie est de 47 ans, à prendre ou à laisser), AC, certainement obnubilé par le pouvoir qu’il a tant voulu, a déjà oublié qu’après soixante-dix ans, chaque année, voire chaque jour est un sursis. Ainsi, au lieu de se battre contre le chômage des jeunes et des adultes, la pauvreté et l’exploitation de la Guinée par les puissances étrangères, il continue à verser le sang des Guinéens dans le seul but de mettre en place une véritable dictature. Nous sommes le seul pays du 21e siècle ou l’administration n’existe pas ; même les Achuar du Pérou savent mieux gérer que nous ! Le rituel des salamalecs et les petites coquetteries au bureau sont la journée bien remplie d’un travailleur de la fonction publique. Moutan bhé walikè mou chéché kolon*. La soirée se termine avec un bol de riz en famille et à gronder les enfants. Au lieu de retrousser ses manches et faire face au vrai problème du pays, AC excelle dans l'art de faire régner l'omerta et dans l'art de diviser pour mieux régner. Tout montre que cet homme est un dictateur en puissance. Ainsi, une fois encore des mesures de représailles ont été ordonnées par le gouvernement. Une fois encore le sang des Guinéens a coulé pour la seule soif de liberté, de justice, de paix et d’un lendemain meilleur. Quand des jeunes s'exposent à d'épouvantables représailles, on sait que leur condition est déplorable. Cette manifestation de l’opposition a été une réussite ; peu importe ce que pense le gouvernement, qui est d’ailleurs le refuge des plus grandes racailles qui prétendent représenter la Guinée. A travers leur ténacité, les manifestants, ont démontré au monde entier qu’en Guinée la situation est déplorable. Il est lamentable de constater qu’en Guinée les manifestations sont toujours réprimées violemment par les forces de l'ordre. Mais il faut continuer à s'afficher contre l'omerta que l'on veut nous imposer. Disons une énième fois que la dictature n’est pas une fatalité. La fatalité ne triomphe que lorsque l'on croit en elle**. Il ne faudrait plus donner les moyens et les chances à l’autoritarisme de bien s’installer aussi longtemps. Nous sommes face à un gouvernement qui a oublié que l’autoritarisme donne envie aux jeunes de se battre pour s'en sortir. Ils ont oublié que face à la crainte, l'autoritarisme, et les coups, le peuple va toujours s’unir pour affronter l’avenir. La violence permet de devenir plus fort. Ils ont oublié qu’aucun Guinéen ne peut être passif face aux ténèbres qui recouvrent la terre de nos ancêtres après plusieurs générations de mal gouvernance, de corruption et des assassinats ciblés. Ce gouvernement est si occupé à détruire les opposants, qu’il est devenu aveugle et insensible au problème du peuple. Ils devraient savoir que la nature à son contraire : quand tu tues Fodéba Keïta tu risques de créer au futur un Frankenstein Dadis et tant pis pour l’avenir de tes enfants et de tes petits enfants. Ce qui désigne parfaitement le dessin d'un serpent ou d'un dragon qui se mord la queue

Barry Tutankhamon

Notes :

*Moutan bhé walikè mou chéché kolon : en soussou qui veut dire : ici, le fonctionnaire ne connait absolument rien!

**La fatalité triomphe dès que l'on croit en elle  Simone de Beauvoir