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BARRY TUTANKHAMON

BARRY TUTANKHAMON

"le savoir est une patrie et l'ignorance une terre étrangère"


Fatou Baldé, ancienne conseillère du capitaine Dadis à Guinéenews© : «Jean Marie Doré a déçu à la tête du gouvernement. »

Publié le 25 Avril 2010, 11:11am

Elle fait partie du contingent de nos compatriotes de la diaspora comme d’ailleurs des millions d’autres de l’intérieur du pays, à être fasciné, ébloui avant de succomber aux discours porteurs d’espoir de la junte aux premières heures de sa prise du pouvoir, le 23 décembre 2009. Elle, c’est Fatou Baldé, patronne d’entreprise et ancienne conseillère du Capitaine Dadis.

Du haut de ses expériences et avec le recul du temps, Fatou Baldé, dans une interview exclusive qu’elle a accordée à Guinéenews, sort de sa réserve et parle de la vie de la nation. Dans cet entretien, elle parle du processus de la nouvelle transition. En tant que membre de la société civile guinéenne, défend et réaffirme sa conviction quant à l’avènement d’une Guinée nouvelle, démocratique et prospère.

Dans ce face à face, l’ancienne conseillère dresse un véhément réquisitoire du bilan à mi parcours de Jean Marie Doré, premier ministre, chef du gouvernement de transition dont elle dénonce, à tout bout de champ, la gestion, dit-elle, calamiteuse et révoltante des affaires publiques. Lisez !


Guinéenews© : Présentez vous à nos lecteurs ?

Fatou Baldé :
Je m’appelle Fatou Baldé. Je suis la première fille d’une famille de cinq enfants, ma mère est professeur mon père est ingénieur. Dieu merci nous sommes tous en vie et en bonne santé. J’ai fait mes études primaires à Boké en partie où mon père servait puis le secondaire ici, à Conakry. Après mon Bac de Sciences Mathématiques en 1989, j’ai poursuivi mes études à l’Hexagone, précisément à l’Université de Paris1 (Panthéon – Sorbonne). J’ai fini en 1994 avec une Maitrise en Sciences Economiques.

Après une série de stages en France et en Cote d’Ivoire notamment chez THOMSON CSF, BIAO-CI, j’ai décidé de revenir en Guinée en 1996. En Guinée, c’est au compte du programme de sécurisation des recettes douanières avec la SGS (une firme Suisse) que je ferais mes premières armes dans la vie active. En 2000, je déciderais de quitter en ouvrant ma propre entreprise que je dirige depuis 10 ans. Parallèlement, je suis membre du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne. Je milite également dans plusieurs ONG féminines. En outre, j’ai bénéficié de beaucoup de stages dans le cadre du renforcement des capacités au compte de la Société civile.

Guinéenews : Le 15 janvier dernier intervenaient les accords de Ouagadougou, accords qui ont ouvert la voie à une nouvelle autorité de transition. Quatre mois après, quel bilan, à mi-parcours, dressez-vous de cette transition ?

Fatou Baldé
: Je vous avoue que le bilan à mi parcours de la transition est pour le moment complètement mitigé voire pessimiste. Il n’ ya aucune lisibilité des actions. Les populations se plaignent des listes électorales et le Premier Ministre n’en fait pas cas. On ne l’entend même plus parler d’élections. Pourtant Mr Jean Marie Doré n’a jamais eu d’autres compétences que d’être trop bavard. Maintenant il est muet comme si ses objectifs étaient atteints.

Vous savez, je me demande pourquoi certaines personnes ont catégoriquement rejeté l’idée d’aller à un forum pour baliser le chemin de la transition. Ce forum qui est loin de diviser les guinéens, allait nous permettre de donner un contenu cohérent à la transition et responsabiliser chaque acteur dans sa tache. Mais chacun veut venir dans le flou et travailler dans l’opacité.

Aujourd’hui, personne ne sait où on va, chacun pensant qu’il fait bien. Nous aimons particulariser la Guinée dès qu’il s’agit de bien faire. S’il faut continuer dans pagaille, tout le monde est d’accord.
Il faut féliciter le CNT qui a pris au sérieux son travail et qui a fait les bouchées double pour nous soumettre un projet de constitution dans les délais.

La CENI doit évaluer son travail et rendre compte au peuple de Guinée. Le général Sékouba Konaté a dégagé toute sa responsabilité. Puisqu’il a honoré sa part de tache dans les accords de Ouaga.

Guinéenews© : Sous la présidence du capitaine Dadis, vous avez été l’une de ses Conseillères. Jeune cadre que vous êtes doublée d’une activiste de la société civile guinéenne, dites-nous comment vous vous êtes retrouvée dans la haute sphère de la Présidence de la République ?

Fatou Baldé
: J’ai été sollicitée pour venir dans ce cabinet pour participer à la transition. Je ne connaissais aucun membre du CNDD. Et d’ailleurs au niveau de la société Civile, nous étions deux à nous opposer à toute forme de déclaration de soutien au putsch : l’ex-ministre de la Décentralisation et des Collectivités Locales, feu Naby Diakité et moi-même. Notre argument était qu’il n’y a pas de bon coup d’Etat et que toute prise de pouvoir par la force est contraire à nos principes. Mais comme nul n’échappe à son Destin, j’ai été appelée à travailler au Cabinet Présidentiel. Quant à Naby, il a été reconduit dans ses fonctions de ministre de la Décentralisation et du Développement Local. En tant qu’activiste ayant activement pris part aux insurrections populaires de 2007, j’ai estimé que si le Communiqué N°1 du CNDD était sincère, il fallait alors les accompagner à construire une Guinée nouvelle.

J’avais tellement envie de bien faire, de voire cette mission réussie que j’ai été amenée à effectuer un déplacement personnel en République du Mali afin de rencontrer les différents acteurs qui ont joué un rôle prépondérant dans la réussite de cette transition politique malienne. A cet effet, pendant deux semaines, j’ai fait le tour des sièges des Partis Politiques, des organisations de la société civile, des Syndicats, des Organisations Féminines... Nous avons échangé et j’ai pu comprendre les contours du processus qui a abouti à une transition exemplaire au Mali. A mon retour, j’ai mis à la disposition des mes collègues Conseillers toutes ces ressources pour aider le Président à honorer ses engagements. Avec l’aide de grands journalistes de la télévision nationale, j’ai vendu cette expérience malienne. J’ai animé plus de 8 débats pour vulgariser ce que j’ai appris à Bamako. Dieu merci, jusqu’à présent des personnes me rencontrent dans la rue pour me féliciter et m’encourager. Le Président Dadis n’en était pas du reste. Il était séduit quand nous sommes allés en Cabinet pour lui exposer l’idée d’organiser les états généraux de la démocratie sous forme de forum pour dégager les étapes de la transition. Il a même demandé à tout le monde de s’y mettre pour que ce forum soit organisé très rapidement pour avancer. Quelques jours après il varié à 180°. Par ce que tout simplement, et ça, je l’apprendrais plus tard que je suis parmi ceux qui veulent le pousser à partir du pouvoir. C’est à cette période que les grands mouvements de soutien ont commencé. Je me souviens, un jour une de mes collègues m’a demandé d’aller à ce genre de mouvement. Ma réponse a été que cela ne ressemblait et n’était aucunement dans mes attributions (danser et chanter dans les mamayas de soutien).

Le cabinet du Président était composé de jeunes cadres compétents et qui étaient animés d’une volonté de bien faire. Mais les interférences intempestives des conseillers informels et d’une Directrice de Cabinet en manque de leadership qui s’est érigée en Secrétaire Particulière du Président n’ont pas permis au cabinet de s’affirmer. Nous avons produit les documents nécessaires pour éclairer le Président à l’époque mais plus tard nous nous sommes rendu à l’évidence que rares sont ceux qui lui parvenaient, sous prétexte que nous le poussons à faire comme le valeureux Président Amadou Toumani Touré, alors qu’il devrait rester et se présenter aux élections. Puisque nous étions pour la majeure partie des cadres issus du secteur privé et des chefs d’entreprise, nous n’avons pas eu du mal à retourner à nos occupations classiques. Mais malgré tous ces problèmes, nous pensions encore qu’on pouvait faire entendre raison à notre patron. C’était malheureusement une peine perdu. Les conseillers se sont mis à la disposition de certains Ministres qui leur confiaient des travaux de réflexion pour faire valoir leur savoir faire pour au moins faire bouger les choses.

Aujourd’hui avec le recul, je me dis que nous finissons toujours par là où on devait commence. Quel dommage ! Personne ne se met dans la logique de la défense de l’intérêt commun. Quand je relis le discours que le Général Konaté a tenu le 6 janvier dernier, je constate qu’il a beaucoup de similitudes avec les notes destinées au Président (dont j’ai encore les copies) que je rédigeais au Cabinet.
Mais je vous assure que ma seule fierté aujourd’hui, c’est d’avoir gardé ma ligne directrice, celle d’une militante sociale. Mes collègues me rappelaient souvent à l’ordre en me disant que je ne suis pas à la société civile mais plutôt du coté du pouvoir. Donc, j’étais interpellée à voir les choses autrement…

Nous travaillons de 8h à 16h comme tout bon commis de l’Etat, mais au moment où on quittait, un Cabinet parallèle se mettait de 20h à 6h du matin. Comment voulez qu’une femme qui se respecte qui est consciente passe des nuits blanches entourée d’un monde masculin et de corps habillés ? Il fallait être tombé du ciel et n’ayant rien à défendre comme honneur pour se prêter à ce jeu. Et puisque mon patron était plus noctambule que tout, vous conviendrez que les conseillers informels étaient là quand il était disposé à discuter.

Guinéenews : Quelle lecture faites-vous des récentes signatures de contrats et conventions engageant l’Etat?

Fatou Baldé
: Monsieur Jean Marie Doré est en train de violer les accords de Ouagadougou. Car, il est bien mentionné qu’il ne peut pas engager l’Etat sur le long terme. Mais si vous prenez le Contrat qui donne la possibilité d’évacuer les minerais du Nimba vers le Libéria, c’est un suicide pour l’Etat. Il faut honnêtement être un apatride pour priver son pays d’un projet comme le TRANSGUINEEN. Jean Marie Doré va répondre devant les hommes et devant le tribunal de l’histoire de son pays. Dans tous les cas, les entreprises qui profitent de cette période pour extorquer des contrats à la Guinée se leurrent, car nous reviendront là dessus sans faute. Parce qu’ils n’émanent de la volonté du peuple de Guinée. C’est décevant ce que le Premier Ministre, Jean Marie Doré fait actuellement. Il doit savoir que les guinéens sont tellement abusés par les pouvoirs successifs que lui malheureusement est trop petit pour nous endormir.

Quand on évoque le problème d’eau et d’électricité, il répond arrogamment que ces points ne figurent pas dans les accords de Ouagadougou ainsi que dans sa feuille de route. Mais lorsqu’un opérateur flou se présente pour un contrat il est pressé à signer tout en faisant fi des accords qui l’ont créé en tant que PM. Cela est valable pour les nombreux marchés de gré à gré qu’il signe au nom de l’Etat et du peuple en violation flagrante de toute orthodoxie financière. C’est le cas du marché de confection des cartes d’identité nationales biométrique qu’il a attribué dans les secrets des quatre murs de bureau sans le moindre appel d’offre international. Il en est de même avec la signature du contrat portant sur l’exploitation du pétrole offshore guinéen au profit de HYPERDYNAMIC, un contrat léonin mis en cause et rejeté par le forum des forces vives de Guinée.

Guinéenews© : La présidente du CNT vient de transmettre au général Sékouba Konaté la mouture de la nouvelle constitution. Que pensez-vous des nouvelles modifications qu’on y a apportées. Notamment sur les points relatifs à la durée du mandat présidentielle, le nombre de mandat, l’âge minimum des candidats à la présidentielle, la levée de l’âge limite, la mise en place de la Haute Cour Constitutionnelle, la déclaration du patrimoine du nouveau président avant et à la fin de son mandat… ?

Fatou Baldé
: Elle est appréciable dans son ensemble. Qu’il s’agisse de la mise en place de nouvelles institutions plus utiles susceptibles de pouvoir renforcer et d’améliorer la gouvernance et la décentralisation ; de la limitation des mandats et leur durée ; de la réduction de l’âge minimum. Concernant le plafonnage de l’âge des candidats, je ne crois pas qu’il soit aussi nécessaire de limiter l’âge maximum. Car, à mon humble avis, la limitation du mandat règle ce problème. Si un Papy se présente ici, il aura juste gaspillé ses sous. Parce que les guinéens ont bien compris le danger d’élire un Président sénile à la tête de l’Etat. Par contre, je crois que les candidatures indépendantes devraient être autorisées pour permettre de réduire la pléthore de partis politiques et éviter de monopoliser le paysage politique. Cette clause qualifiera le leadership politique dans ce pays. En plus, nous avons tellement souffert d’un exécutif fort dans ce pays et qui a barré la route à tous les contre pouvoirs, qu’il serait souhaitable que vous mentionniez dans la nouvelle constitution que toute reforme institutionnelle et constitutionnelle doit être soumise au referendum pour être validée. Cette clause mettrait à l’abri toute tentative de manipulation de la constitution par une majorité parlementaire. A titre d’exemple

  • Le Président Abdoulaye Wade a, au cours de ses dix ans au pouvoir, procédé à 17 amendements de la constitution. Parce qu’il a une majorité confortable à l’Assemblée
  • Faure Gnassimgbé a par simple vote à l’Assemblée changé le mode de scrutin. Il est passé de deux tours à un tour pour être sûr de remporter les élections autant de fois qu’il se présentera.
  • Ismaël Oumar Gueleye a, par simple vote à l’Assemblée, modifié le nombre de mandats dans la Constitution Djiboutienne.

Donc, autant d’exemples pour nous aider à mieux nous doter et mettre en place progressivement un Etat de Droit.

Guinéenews© : Comment êtes-vous parvenue à concilier vos obligations de conseillère à la présidence et vos occupations de la société civile ?

Fatou Baldé
: Je n’ai jamais coupé avec mes convictions sociales et non plus avec mes collègues de la Société Civile. Cependant, il est de règle chez nous, quand vous êtes coopté pour assumer des hautes responsabilités dans l’administration, vous suspendez volontairement vos activités au niveau du Conseil National Organisation de la Société Civile Guinéenne(CNOSCG). Cette disposition vise à maintenir l’autonomie de la Société Civile et garder sa crédibilité. Il a l’avantage d’éviter de surcroit l’amalgame.

Si vous nommez un acteur de la société civile en pensant ainsi inféoder la corporation, vous risquez d’être déçu. Parce que vos objectifs vont échouer. Et donc, tout naturellement quand j’ai été déchargée de mes fonctions de conseillère, je suis revenue à la maison « La maison du citoyen ».

Guinéenews©: Est-ce qu’aujourd’hui le départ massif de certains membres du mouvement social (société civile et syndicats) pour rejoindre le gouvernement et le CNT, n’est-il pas un handicap pour l’efficacité et l’avenir même du Mouvement Social guinéen?

Fatou Baldé
: Je viens de vous dire que rien ne peut entraver notre fonctionnement et notre existence. Vous savez, la Guinée regorge de compétences. Et ces compétences sont dans la société civile pour la plus part. Donc, chaque départ temporaire est compensée par la venue et le repositionnement de nouvelles personnes ou l’arrivée d’autres personnes ressources pour nous renforcer. Nous restons une force de proposition et de veille pour une avancée démocratique en Guinée.

Guinéenews© : Au niveau de la Société Civile tout comme d’ailleurs au niveau des syndicats, on risque de souffrir, avec l’absence de leurs figures historiques, d’une crise de meneurs ou de leaderships. Comment comptez-vous-y prendre pour pouvoir poursuivre, au bénéfice de la masse laborieuse, le combat?

Fatou Baldé :
Cela ne pause aucun problème. La priorité est de sauver la transition. Après les élections, nous ferons notre congrès qui, normalement, devrait se tenir en Avril. Mais avec le détachement de beaucoup parmi nous au niveau des organes de la transition (Gouvernement, CNT, CENI etc..), nous pensons qu’il ne soit pas opportun d’appeler ce congrès maintenant.

Guinéenews© : Selon vous, quel est le rôle de la femme en cette période de transition?

Fatou Baldé
: Je pense qu’aujourd’hui, la question est de savoir comment chaque citoyen doit jouer un rôle positif pour accompagner la transition en Guinée. La priorité est de sauver le pays et ses habitants sans distinction de sexe. Nous devons tous travailler à pacifier le débat et de doter le pays d’institutions fortes et fonctionnelles capables d’épanouir les guinéens et les guinéennes.

Les femmes doivent s’investir dans la promotion du dialogue politique et social afin d’éviter des blocages au sommet pouvant aboutir à des situations conflictuels entre les différents acteurs de la transition. Soumettre des propositions constructives à tous les niveaux pour nous permettre d’avancer dans la quiétude.

Guinéenews© : Malgré la politique de la promotion du genre prônée par les politiques, les femmes restent toujours sous représentées au sein du gouvernement de même que dans les autres instances dirigeantes de la transition. Quel est votre point de vue?

Fatou Baldé :
Je crois que dans cette période de transition et au moment où on obtenait ce gouvernement d’union nationale, la priorité était d’abord d’avoir un gouvernement pour sauver le pays. Donc vous comprendrez que toute femme consciente de cet état de fait devrait plutôt remercier Dieu que de revendiquer des postes ministériels. En Guinée, le problème est entier et concerne toutes les couches. Les Droits Humains les plus élémentaires sont systématiquement violés. Le combat aujourd’hui est un combat global et transversal pour aboutir à la mise en place d’un Etat fort, crédible et respectueux de ses engagements. Je pense qu’à l’issue de la transition, puisque tous les leaders et potentiels candidats font la cour à l’électorat féminin pour accéder au pouvoir, nous allons revendiquer et exiger. Pour le moment, il faut rendre la Guinée un pays normal et fréquentable par le monde entier.
En tant que femme je ne suis pas dans la logique de compter le nombre de femmes au gouvernement, mais d’évaluer la mise en œuvre de la feuille de route du premier ministre.

Le Premier Ministre doit tenir compte de toutes les douleurs qui ont précédées la mise en place de son gouvernement et il a devoir de mémoire vis-à-vis des victimes des différentes répressions. Donc, aucune faute de sa part ne saura être pardonnée par les populations qui ont l’œil sur lui. Et il est mieux placé pour savoir ce que c’est que la démocratie, puisqu’il a été souvent victime d’abus de pouvoir.

Guinéenews© : Entant que femme leader que faites vous pour la promotion des femmes ?

Fatou Baldé
: La promotion de la femme dans un pays ne relève pas de la volonté d’une personne mais d’une politique nationale en la matière devant aboutir à l’épanouissement des femmes. Je pense qu’avec le changement qui s’annonce, la Guinée va faire la promotion de l’autre moitié de sa population. Personnellement, j’essaie d’aider les femmes plus jeunes que moi à comprendre l’environnement dans lequel elles évoluent, et les associer à mes différentes activités afin de leur passer le peu que je connais et qui m’a permis d’avancer. Toutefois, faut-il reconnaître qu’il reste insuffisant.

Guinéenews : Votre dernier mot ?

Fatou Baldé :
Je souhaiterai que les guinéens se remettent en cause et remettent en cause la gestion calamiteuse de 52 ans d’un pays aussi riche et beau que la Guinée. Que nous acceptions d’assumer et de partager l’échec total de cette gestion due à la mauvaise volonté et le manque de vision des dirigeants qui ce sont succédés au sommet de l’exécutif. Car, on a beau accusé Paul ou Pierre, il faut se dire que la faute principale revient aux Chefs d’Etat qui ont fait de la gestion du pays une affaire personnelle et familiale. Pire, chaque régime a fabriqué ici, ses riches, ses courtisans, ses menteurs, ses assassins etc. Comment voulez évoluer dans un tel contexte, si nous ne profitons pas de cette transition pour exorciser définitivement le mal et ouvrir de nouvelles pages glorieuses de notre histoire ?

Le problème de la Guinée est que les Chefs qui ce sont succédés au sommet de l’Etat ont érigé comme mode de gouvernance la médiocrité, la violence, l’injustice etc. Ignorant ainsi les compétences, exterminant les sommités, anéantissant les riches. Ce qui a abouti à l’émergence d’une catégorie inqualifiable d’hommes qui a favorisé le déclin du pays. Vous me direz que je suis trop négative dans mon approche, mais comprenez que quand la balance descend trop sur le négatif le positif n’a plus de raison d’être ! Leurs actions positives ont été annulées par les actions très négatives qui ont laissées des empreintes indélébiles dans la mémoire des guinéens.

J’en appelle au sursaut national et à l’élan patriotique de tous pour que nous sauvions notre pays en le dotant d’institutions fortes et fonctionnelles qui seront au dessus même du Président. Puisque lui-même est le produit des ces institutions. Les guinéens doivent se mobiliser pour accompagner la volonté politique du Général Sékouba KONATE pour aller à des élections le 27 juin 2010. Toute personne qui voudra remettre en cause cet engagement devra répondre devant les guinéens.

Monter la vigilance pour défendre la constitution qui sera élaborée en cette troisième République afin que personne ne puisse la tripatouiller. Pour ce faire, nous avons créé un collectif « UN HOMME DEUX MANDATS ». Le Président qui va vouloir changer cette constitution pour se maintenir au pouvoir partira et laissera la Guinée. Trois Présidents sont venus, on leur a fait croire qu’après leur départ c’est le déluge. Les deux premiers sont morts, le troisième est parti mais la Guinée continue d’exister.

Veiller au respect des valeurs républicaines par tous les citoyens. TRAVAILLER afin de vaincre la pauvreté, instaurer une JUSTICE équitable pour tous et renforcer la SOLIDARITE nationale. Ainsi, nous aurons relevé les défis de notre devise. Ce travail incombe à chaque citoyen soucieux du développement de son pays.

Interview réalisée par Camara Moro Amara pour Guinéenews©

source: guinnenews.com

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